Aperçu

L’île de Gorée1, ou simplement Gorée, est à la fois une île de l’océan Atlantique nord [archive]2 située dans la baie de Dakar3 et l’une des 19 communes d’arrondissement4 de la capitale du Sénégal. C’est un lieu symbolique de la mémoire de la traite négrière en Afrique, reconnu officiellement par l’Organisation des Nations unies (ONU) en 1978. Gorée, « île-mémoire » de cette tragédie, fut ainsi l’un des tout premiers lieux à être portés sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

Histoire

Possession hollandaise

Le navigateur portugais Dinis Dias atteint l’île de Gorée en 1444, qu’il baptise « Palma »5. Les Hollandais s’emparent de Gorée en 1588 et la baptisent Goede Reede, « la bonne rade », étymon du nom actuel.

Comptoir français disputé par les Anglais

Implantation en 1677

Les Français s’implantent sur l’île le 6, mais les Britanniques leur disputent cette position jusqu’à la paix d’Amiens en 1802. L’île fut occupée par les Anglais de 1804 à 1817 puis rendue à la France.

Plan de l’île de Gorée au début du XVIIIe siècle, gravé par François Baillieul l’Ainé.

Fort de traite

La traite des esclaves perdure pendant trois siècles sur les côtes africaines (Gambie, Saint-Louis du Sénégal, Bénin, Ghana…). Les centres concentrationnaires des esclaves africains en partance pour l’Amérique se situent surtout à Saint-Louis, point de convergence du commerce triangulaire.

À Gorée, l’ancienne demeure de la signare Anna Colas Pépin (nièce d’Anne Pépin), connue dans le monde entier sous le nom de Maison des Esclaves, est un lieu plus symbolique qu’historique. Cependant, l’île de Gorée reste une place qui a joué un rôle non négligeable dans la traite, par la présence de captiveries françaises7 et le nombre d’esclaves déportés (environ 500 par an entre 1726 et 1755 et 15 476 entre 1761 et 1848)8. L’historien américain Philip Curtin (en) estime ce nombre entre 900 et 1 500 personnes annuellement.

Hostellerie du chevalier de Boufflers sur l’île de Gorée.

En 1785, le chevalier de Boufflers, alors gouverneur de tous les établissements de côte d’Afrique, fait de Gorée sa résidence. En son « Palais royal », il organise de fastueuses réceptions. Dans la correspondance amoureuse qu’il entretient avec Mme de Sabran, il décrit la putréfaction des cadavres d’esclaves9 :

« Dans ce temps-ci, l’air du Sénégal est le pire de tous. Imagine que nous sentons de nos chambres, et surtout de la mienne, les exhalaisons des cadavres des captifs qui meurent par douzaines dans leurs cachots, et que les marchands, par économie, font jeter à l’eau pendant la nuit avec des boulets aux pieds. Ces boulets se détachent à l longue, et les corps flottent entre deux eaux et vont s(arrêter sur le rivage dans des endroits où l’on ne peut souvent pas arriver à pied ni en bateau , ils restent entre les mangliers et y pourrissent à leur aise… »